C'est le soir, le dernier soir de 1996. On est allés à Québec souhaiter bonne année à toute la parentée(sic) . Le Bye-Bye 1995 était super drôle. Voici les cadeaux que j'ai eu(sic) : la cassette de François Pérusse tome 4 (Final), un pyjama, un super gros crayon, une tuque à la mode, un jeu légo (engin des cratères), un livre de la collection Spirou, vingt dollards(sic) , le jeu POG, mais ce qui est super, c'est qu'on a eu, moi et ma sœur UN SUPER NINTENDO!!! Alors voilà mes cadeaux. (le texte se termine sur le dessin d'un crocodile avec une casquette)Fermant cérémonieusement les pages de mon journal, j'observais alors la grosse boîte rectangulaire qui attendait placidement de remplir son rôle. La console de rêve était là, entrevue et enviée chez mes amis aux parents plus permissifs.
Il faut dire que les miens se sont vite mis à imposer la doctrine stricte d'une heure d'écran par jour. Assis en tailleur devant la télévision, j'absorbais chaque seconde de cette période fugace, monopolisant plus souvent qu'autrement le temps alloué à ma grande sœur.
J'étais tellement captivé que je me dépêchais de cligner des yeux.
Les disputes fraternelles autour de la console furent mémorables. En dépit de ses deux manettes, le Super Nintendo a toujours été un artefact du monopole, souvent pour mon profit soigneusement manigancé.
La plus vive dispute concerne un cadeau encore plus terrible. Au mois d'août de cette même année, Super Mario RPG faisait une entrée ravageuse dans le clan familial.
Mes parents ont alors réalisé une surprenante percée dans ma dictature fraternelle. Ils ont offert ce joyau du jeu de rôle à ma grande soeur. Si je me souviens bien, elle avait accumulé suffisamment d'argent pour se l'offrir, mon père l'avait accompagnée au magasin. J'étais violet d'envie. Il me fallait cette cassette.
Pendant un bout de temps, j'ai accepté de la regarder jouer, notant d'un ton mielleux chaque faux pas dans l'aventure. Oh oui, j'étais vraiment un méchant petit bonhomme.
Après une trop courte période, ce qui devait arriver arriva. En son absence, j'ai débuté ma propre partie. Elle s'est présentée dans le salon, j'ai refusé de lui rendre la manette. C'était la fin d'une sournoise armistice pour céder la place à une terrible guerre silencieuse.
Le lendemain, en arrivant dans le salon pour l'heure de jeu, je remarque que la cartouche de jeu n'y est plus. J'ai décoché un regard assassin à ma grande sœur.
"Heille, elle est où la cassette de Super Mario Herrpéjé?"
"Je l'ai cachée."
Je ne l'ai pas trouvée. La chicane a atteint un niveau difficile à imaginer, les pages sur ce sujet sont d'ailleurs absentes dans mon journal. Je crois qu'elle en parle dans le sien; il me faudra lui demander si elle l'a encore.
Toujours est-il que j'ai fini par m'excuser. Dans sa grande miséricorde, ma grande sœur a récupéré le précieux objet dans son placard (j'avais pourtant regardé), nous avons convenu de continuer l'aventure ensemble. Après tout, la quintessence du divertissement qu'offre Super Mario RPG a fini par nous plonger dans la même transe délirante. Nous avions nos personnages préférés, nos musiques préférées, nos lieux bien à nous, le tout dans l'univers vaste et savamment scénarisé de cette pièce d'anthologie.
Je crois que nous sommes devenus un peu débiles, mais unis, ce qu'un jeu saccadé et violent n'aurait sans doute jamais accompli.
L'équilibre s'est rétabli dans le clan familial, du moins jusqu'à l'arrivée du Nintendo 64.
Quel est le meilleur jeu de rôle? Quel RPG vous a personnellement marqué?
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