31.12.11

1151. Tiens donc, une nouvelle phase?

Il n'y avait encore rien dans les actualités Facebook. Rien d'intéressant, que des hoquets nauséabonds d'individus dont je n'ai rien à cirer.

J'espère, je tente de trouver quelqu'un d'intéressant, une nouvelle pertinente, un écho dans la mer d'individus, mais l'hypertexte n'a jamais rien pour moi.

Or, saluant l'occasion, alors que l'année se termine, j'ai ouvert une page en "Navigation Privée", j'ai tapé l'adresse de mon site pornographique préféré et j'ai trouvé en trois clics une scène où une nymphette se fait attacher sur un lit par un type anonyme, se fait encorner sans ménagement et reçoit une giclée de sperme au visage, tout en conservant un sourire moqueur.

La scène m'a chauffé les sangs, je l'ai répétée trois fois en prenant soin de me masturber langoureusement pour étirer le plaisir.

Après coup, je suis allé essuyer mon foutre aux toilettes, en m'efforçant de faire le moins de bruit possible. Il faut dire que je suis rendu plutôt talentueux dans l'art d'éviter de paraître minable, le menton sur mon chandail pour éviter qu'il se mêle à mes propres fluides séminaux.

ET VOILÀ CE QUE JE SUIS!

Ma pornographie favorite, ce sont les filles très jeunes et jolies, souriantes et narquoises, qui se livrent au sexe anal, aux humiliations, à la soumission physique.

Je retire de grands fantasmes de mes séances devant l'ordinateur. Je mélange ces actrices inconnues avec celles de mon entourage, tout se mélange dans ma tête, c'est pourquoi je préfère utiliser l'ordinateur. J'évite une culpabilité étrange après m'être livré à mon vice, sinon.

Si j'utilise mon imagination, je jouis en imaginant mon membre dans l'anus de celle dont je rêve, l'orifice dégoulinant de sperme et de merde, puis je lui plonge dans la bouche.

Cette image est devenue récurrente lorsque je me branle tout seul dans les toilettes, sans internet pour pallier au tableau honteux.

Et c'est de cette même imagination dont je compte me servir pour écrire un livre.

C'est celle-là même qui m'a servi jusqu'alors sur la scène d'improvisation.

Je crois que je suis un monstre. En fait, je sais que je suis un monstre. Il n'est pas humain de répéter cette procuration lorsqu'on est comme moi, prisonnier des images mentales. Je me suis tellement masturbé que je vois la scène analo-buccale écoeurante partout autour de moi. Dans l'autobus, au travail, auprès des amis. Dans les sourires, dans les conversations, dans mes nuits. Que cette représentation qui représente désormais le summum de l'excitation sexuelle, ondoyant dans ma tête, placardant ma vie.

Je deviens très mal à l'aise lorsqu'on évoque le sujet de la pornographie autour de moi. Mes joues deviennent rouges, j'ai l'impression d'avoir été découvert, je crois que ça m'excite davantage. C'est ce côté immoral et interdit qui m'emprisonne dans mes secrets. Lorsque les hormones me le permettent, je m'y sens d'ailleurs dans un état de grâce, au paradis.

Mais dès qu'elles me quittent...

Je me noie dans un monde de solitude, de malheur, de culpabilité, de honte et de mépris envers moi. Si vous cherchiez où était passée ma confiance depuis que Valérie est partie, eh bien voici vos réponses.

2011 était effectivement l'année de la peur. L'année de la perte, l'année de la promiscuité. L'année du repli.

L'année des projets qui s'écroulent, des rêves qui meurent.

L'année où j'ai cessé d'écrire des trucs.

J'ai cassé ma pipe cette année. Je me suis éteint.

***

...puis, aujourd'hui, j'ai lu Adler.

Dans cette série, le héros passe la moitié de l'histoire en couple avec une très jolie anglaise.

Puis, sans prévenir, elle le quitte. Elle lui écrit une magnifique lettre, relatant les moments passés avec lui, l'amour qu'elle lui portera à jamais, mais, hélas! Elle en aime un autre, un journaliste, elle part avec lui pour l'Amérique du Sud.

Adler est triste pendant deux longs épisodes, mais il semble passer à travers. Il accomplit ses aventures, élimine les méchants, trouve un trésor. Il se dégote même un amour passager, une belle tahitienne aux seins disproportionnés.

J'appréhendais le prochain épisode. Je me demandais quand le personnage de sa première conquête, son véritable amour ferait surface. Je m'illusionnais, c'était enfin l'occasion pour moi de faire un catharsis efficace.

Lorsque l'épisode commence, le journaliste qui lui a ravi sa belle arrive par bateau: il doit absolument parler à Adler.

Et Adler le reçoit avec un coup de poing au visage. Il lui passe un savon magnifique.

La femme est retenue prisonnière par un méchant hispanophone. Adler ira seul et lui fera exploser la tête, ramènera saine et sauve son ancienne conquête et la remettra dans les bras de son journaliste.

Bon, fin de la petite histoire.

Mon esprit s'est arrêté au coup de poing, de toute façon. Je n'ai pas le goût de comprendre la fin.

Dans mon lent deuil amoureux, j'ai envie de casser en deux ce Maxime Pearson. Écrire son nom me fait bouillir de rage. Je lui balancerais mon poing en pleine face, comme Adler, je l'enverrais gémir au tapis et je l'insulterais pour qu'il se relève.

Non mais, pour qui il se prend, celui-là? Je n'ai même pas pu séduire Valérie en bon et du forme, il me coupe l'herbe sous le pied dès son arrivée d'Afrique!

C'est quoi ce numéro? Je l'écrase, de mon mépris, de toute ma hauteur, de ma rage contenue, tiens, tiens, prends ces baffes, j'en ai des milliers à distribuer!

C'est ma Valérie! Je l'ai choisie, elle m'appartient! Je pique des colères dévastatrices à chaque fois que j'y pense, désormais.

Il flotte quand même dans ma tête le parfum d'émasculation, pétri de pornographie criarde. Il faut que je constitue une image plus positive de ce que je suis.

J'éviterais le pénis enduit de merde, qui sort du cul dilaté. C'est incroyable ce que certaines images ont pu imprimer dans ma tête.

Il doit exister un moyen, une thérapie, je sais pas trop.

Maman m'a demandé d'écrire.

Cent mille mots pour 2012. Un livre complet.

La peur, hein? Le retrait, le terrier, j'en ai ma claque.

Je veux la colère pour 2012. C'est ma demande au bon Dieu. Pas la colère hargneuse, haineuse, intérieure. Je la connais trop bien, celle-là.

Je veux la colère puissante et virile d'un homme. Je veux contrôler ma rage intérieure. Je veux que les gens m'aiment lorsque je me fâche, qu'ils reconnaissent une émotivité éprouvée et caractérielle dans mes accès d'humeur.

Au lieu de tout prendre en riant, d'adoucir les plaintes et de rondir le dos, je veux devenir colérique, tempêter, hurler, enfin bon, je ne sais pas trop comment m'y prendre.

J'ai une pelote d'orties à faire sortir de mon corps maigre. Je veux parvenir à l'extraire sans écorcher les autres, sans m'écorcher.

Au pire, peut-être écorcher un peu Maxime Pearson. Il faut dire qu'il le cherche, ce fieffé encule.

***

Bon, ramenons de l'avant cette fameuse liste, puisque mon titre me l'impose.

1. Le Choc - Simon Allard m'a annoncé que Valérie s'était refait un copain le premier octobre. Avant cette date, je prenais à la légère son silence, ses rares messages. Je me disais qu'à son retour à Québec, on se reverrait. Une petite voix insidieuse me disait de ne pas m'inquiéter, qu'elle m'était acquise. Comme j'étais dans l'ignorance depuis plus de trois mois, je me suis refusé les larmes ou le désarroi devant Simon. J'ai senti que tout mon organisme se figeait d'un coup puis partait en morceaux très fins se déposer dans mes pieds. Mes yeux se sont brouillés, j'ai marmonné "Eh ben" et je suis aller m'effondrer sur son sofa. Simon a senti ma peine et a fait ce qu'il a pu pour me remonter le moral, mais il m'a tout de même achevé en disant qu'ils étaient heureux ensemble, qu'ils s'étaient mutuellement trouvés, que c'était la relation parfaite.

2. Le Déni - J'ai écrit une lettre à Valérie une semaine après. Elle m'a répondu avec une sympathie sincère et distante, j'ai gardé la lettre. Une harangue sur mes qualités pour plaire m'a laissé un sourire triste. J'ai refusé de croire à son "Tu ne seras jamais l'homme de ma vie". J'ai refusé. J'allais la revoir. Bientôt, j'allais jouer à l'improvisation avec elle, son copain serait loin, je pourrais au moins lui expliquer mes sentiments. Sitôt dit, sitôt fait: à Lévis, je lui ai ouvert mon coeur, elle m'a regardé froidement, sans amour, elle m'a fait dit que je ressentais simplement un rejet, elle a confirmé qu'elle était désormais avec l'amour de sa vie. J'étais alors fréquemment vautré dans la porno, encore la veille je m'imaginais éjaculer dans son fondement aux toilettes. Je n'ai eu aucune force, aucun argument devant ses yeux illuminés pour son copain. J'ai bredouillé des propos jaloux. Une autre fille a daigné me ramasser à la petite cuillère après le revers foudroyant de mon plan, j'ai espéré fort rendre Valérie possessive en me voyant partir accompagné. Comme j'ai fait une performance remarquable lors du weekend, je me plaisais de croire que mon talent sur scène la ramènerait éventuellement vers moi, qu'elle serait impressionnée. Ce furent mes derniers espoirs, qui se fanèrent longuement. Après m'être masturbé, ils me taraudaient encore.

3. La Colère et le Marchandage - Bon, nous y voilà. Après être sorti en ville au début du mois de décembre, je n'ai pas osé aller de l'avant avec une occasion qui se présentait à moi, j'avais l'esprit tout embrouillé. J'avais l'impression d'avoir perdu le truc, ce qu'il fallait pour être lumineux, intéressant, séduisant. La fille est partie, dans la nuit, avec d'autres amis, je suis rentré tout seul chez moi, avec une boule étrange, nouvelle, dans ma gorge. En entrant dans l'appartement, j'avais une lueur étrange dans le regard. Du moins, c'est ce que les autres locataires m'ont dit. En entrant dans la salle à manger, j'ai menacé de fracasser un bâton sur l'ordinateur de mon ami Éliot. Je lui ai parlé les dents serrées, en mettant beaucoup de violence dans mon ton. Ensuite, je me suis emparé de l'extincteur d'incendie, je l'ai dégoupillé et j'ai vaporisé du carbone sur le sol. J'ai balancé la bonbonne à la poubelle. La suite est plutôt inquiétante: j'ai empoigné une paire de ciseaux et j'ai fait une longue estafilade sur mon bras, la mine satisfaite. Enfin, je suis allé dans ma chambre et j'ai démoli mon plan de travail au complet: Écran, ordinateur, pots à crayons, breloques, souvenirs. J'ai tout envoyé par terre. Éliot m'a intimé de le suivre dehors. J'ai essayé de lui expliquer ce que je ressentais, mais je ne suis parvenu qu'à lui asséner quelques coups dans le ventre. Il y a eu une recrudescence de ce phénomène quelques semaines plus tard, alors que des invités se livraient à une énième séance de lutte dans le salon aux petites heures du matin. J'ai d'abord cherché à casser un doigt à Éliot alors qu'il m'immobilisait sur le divan. J'ai ensuite saisi une boule de bowling et je l'ai levée très haut au dessus de ma tête, menaçant de l'écraser sur la sienne. J'ai interrompu mon geste au dernier moment. Tous les convives sont partis, avinés ou malaisés. Probablement malaisés. Éliot est resté morose et muet sur le divan, depuis nos rapports se détériorent. Ce soir, j'ai décidé de tenter de réorienter cette colère. Pour l'instant, le scénario d'Adler me semble pourvu d'une certaine noblesse américaine. Il n'en reste pas moins que je m'inquiète pour ces pulsions. Que faire?

4. La Tristesse - Je n'ai pas hâte d'en venir à la tristesse. Peut-être qu'il me faudra pleurer cette relation? Je n'ai pas versé de larmes encore pour Valérie, sauf avant son départ en Afrique. Je me plais à me dire que mes sanglots avec elle symbolisent cette étape, mais un mal de dos lancinant me rappelle que je le porte encore sur mes épaules. L'ennui, c'est que personne ne veut plus entendre parler de cette histoire, me réconforter. J'ai déjà servi mes angoisses à tout le monde, et puis tiens, qu'est-ce qu'ils en ont à battre. On n'a qu'à regarder la guigne qu'est Facebook pour s'en convaincre. C'est la colère qui parle.

5. La Résignation - À venir
6. L'Acceptation - À venir
7. La Reconstruction - À venir

Ce texte fait 2000 mots. C'est 2% d'un livre tel que mandaté par ma mère. Je me demande si je pourrai écrire quelque chose de lisible, qui n'a pas l'aspect dément de ce que vous venez de lire.

Bonne année

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