En effet. Je repense aux "Je t'aime", aux rêves de mariage, aux moments intimes, je ne peux que me morfondre.
Franchement, avec à peine quelques mois de relation, tu ne trouves pas que c'était prémédité? Comme un genre de gâteau soufflé? Imagine ta peine si elle t'avait largué après trois ans, tu aurais certainement tourné de l'oeil.
Écoute François, nous avons déjà eu cette discussion. L'émancipation, la réponse, c'était de t'éloigner de la fille, très loin. Pour l'instant ça marche plutôt bien, non?
Je la vois partout. Dans chaque autobus, dans chaque soirée, dans chaque fille aux cheveux noirs.
Va vers Montréal, tiens. À la première occasion, retourne dans l'inconnu confortable. Tu t'imagines Valérie dans toutes les voitures, tous les bus, ici.
Je suis convaincu de pouvoir la reconquérir. Je vois Valérie comme la seule fille digne de moi, je m'ennuie de sa chaleur, de son odeur, de ses lèvres, je me sens affreusement seul, je n'ai plus de joie de vivre, je ne vois pas comment ça pourrait aller plus mal.
Mon appartement est sordide. La colocation avec ma soeur est un échec total. Je hais sa proximité. Quant aux deux autres, ils tarissent mon peu d'ambition par leur oisiveté.
Mon nouvel emploi est minable. Je fais la même chose toute la journée, il dégrossit parfaitement mon complexe d'infériorité, l'aspect puéril de ma vie et de mon avenir.
Je ne suis pas digne de ma ligue d'improvisation. Je ne comprends pas la tangente trop sérieuse qu'elle prend, on m'a repêché avant dernier parmi toute la ligue pour les matches spéciaux, ma soeur tout de suite après moi. Non seulement je suis un piètre joueur, mais j'ai imposé la pire joueuse de la ligue aux autres.
Je n'ai plus beaucoup d'amis. J'ai perdu les meilleurs dans la distance et l'indépendance.
J'ai froid.
J'ai envie de mettre fin à mes jours. En finir avec ce blog immonde que personne ne lit.
Voilà, chère voix intérieure, chère créativité, où j'en suis. J'ai envie d'aller me lancer du haut d'un pont.
Bon, te voilà sans doute dans un des plus gros creux de vague de ta vie. Tu sais, admets d'abord ta dépression, mon vieux, ça ira mieux par la suite, ça se soigne. Va en parler aux ressources auxquelles tu disposes.
Fixe toi un petit objectif. Tout petit. Qui n'a rien à voir avec ta routine.
...
On peut pas nécessairement toujours s'en sortir par la créativité, François. Fais toi prescrire une médication. Arrête de faire la girouette pour plaire à tout le monde.
Je n'y crois pas vraiment. Je veux bien croire qu'en se forçant à sourire, on finit par sourire en vrai. Le problème, c'est que je suis devenu trop bon dans cette émulation, elle ne porte plus.
Pourquoi j'ai tant merdé? Pourquoi j'ai l'impression que j'échoue?
C'est quoi, la raison d'être de ce mal-être? Dans des dispositions mentales différentes, je pourrais serrer des mains au travail et monter en grade, rapidement, au rythme de l'industrie. Je pourrais briller sur la scène de l'Impérial les mardis soirs, montrer de quel bois je me chauffe aux joueurs devant qui je baisse les yeux. Je pourrais passer à travers ma culpabilisation post-amoureuse. Avec suffisamment de sérotonine, je chasserais tous ces fantômes.
Au moins, je me sens mieux maintenant. Si vous saviez comme ça me fait du bien de les écrire, je sais que je dormirai mieux après. L'ajout d'un article, en outre, archive celui d'après, dans une certaine mesure. Le temps passe mieux ainsi.
Le suicide? Bah, on a bien le droit d'y penser.
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