Laissez-moi dans mon sous-sol, cette fenêtre est un prétexte.
Un autre...mais qu'est-ce qu'ils me veulent? Je n'arrive même plus à taper correctement! Je n'arrive même plus à créer, même par la plus misérable facette de mon esprit! Je n'arrive plus à rien! Je ne suis rien!
Cette ville, cette ville immonde et sèche que je honnis, ses habitants ternes et pessimistes, tout respire le malheur et la stabilité, le moindre filin de changement prend des proportions asymptotiques.
Il faut que je repasse sur chaque mot que j'écris, tant ma haine est grande. Et pourtant, cette pauvre amie est la seule dans ma volonté de sortir du gouffre.
Je déteste Montréal. Je déteste aussi Québec. Je n'aime pas la ville, elle doit rester une publicité distance, comme dans le nord de la Corée. Je regrette d'avoir choisi ce thème comme objet d'étude à l'université. Quoique, en y repensant, mes travaux visuels sont glauques, noirs et pollués.
Les gens sont pleins de violence, dans la ville. Les gens sont étranges. Ils ne sont ni compatissants, ni intéressants, ni emphatiques. Il faut tout leur donner, et ils en demandent encore.
Il est de mise, dans un contexte mondain, de paraître pitoyable et minuscule. L'orgueil des citadins est si grand que la moindre incartade, la plus infime différence d'opinions prend des proportions napoléoniennes. Ah, qu'est-ce que je déteste la ville.
Je déteste aussi ceux qui proviennent de la ville. Ils sont bruyants, ne font que vanter les mérites de leur pauvres amas de rectangles. Comme ils n'ont pas de personnalité, ils se substituent à l'ensemble, mais ils ignorent que leur objet de représentation (l'ubiquité urbaine) ne reflète qu'un prisme bétonné nauséabond et non la prétention d'une culture.
Or, voici le message que je livre aux gens de la ville, dans la plus familière des formes, une liste d'éléments ponctuels qui m'ont personnellement irrité:
- Les festivals musicaux: personne n'aime vraiment ça. Ce sont trop souvent des séances bruyantes où l'on est pressé contre des inconnus miasmatiques, debout, trop longtemps. J'ai détesté le festival d'été de Québec dans son ensemble, mis à part la présence de mes soeurs saguenéennes.
- Les sites touristiques : gros objets immobiles.
- Les jolies filles des grandes villes : elles sont laides. Laides et complexées.
- Les bars : ils sont bondés d'inconnus patibulaires, dispendieux et angoissants.
- Les restaurants : ils sont médiocres, hors de prix et malodorants, toutes catégories confondues.
- Les zones résidentielles : je les appelle "le grilled-cheese" de la ville. Ces zones sont peuplées de gens pauvres, font systématiquement trois étage d'architecture brune au voisinage sonore. Je méprise ces logis. Leur peuple est d'ailleurs à l'image du fromage jaune Kraft: l'amas collant d'une multitude infecte et indéfinissable. Mon immeuble n'est pas meilleur.
- Les lieux publics : malpropres.
- Les institutions scolaires : impériaux, pompeux, d'une condescendance abjecte.
- Les opportunités : J'ai bien essayé de mettre un adjectif ici, mais j'ai passé une bonne minute la tête dans les mains à chercher.
- Les amis : Personnellement, on a voulu me sécuriser lors de mon déménagement, car on me promettait le retour de vieilles amitiés qui ont émigré. Je n'ai revu qu'une fois chacune de ces personnes, devenues blêmes et peu loquaces.
- Les rencontres intéressantes : la plupart des gens et des lieux que j'ai rencontré en ville étaient accompagnées d'odeurs de renfermé ou de cuisine étrangère trop salée.
- Les services : les transports en commun débordent et me découragent tant chaque déplacement demande pécule. les fonctionnaires sont susceptibles et les attractions sont répétitives. Tout demande permis, tout est surveillé, réglementé. C'est par dépit que la ville se divise en secteurs immédiats, car on y est virtuellement cadenassé, prétendant le confort de son milieu microscopique. En ville, les gens ont oublié l'horizon.
Mon souhait immédiat était de monter sur le sommet d'un gratte-ciel. Je l'ai réalisé, maintenant je peux partir. D'ailleurs, le smog estompait la vue.
Mangez de la marde.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire