29.7.10

1171. L'Abysse

Simplement pour vous annoncer que c’est vertigineux de me regarder de l’intérieur.

Il n’y a qu’un gouffre froid.

Je ne sais pas quoi faire de ma peau, qui se referme et se flétrit sur ce vide.

Alors je deviens malade, je cesse de manger, je sens le poids de mes cernes.

Le monde tourne sans moi. Il tourne bien, même si je le touille de quelque ambition rétive, il tourne quand même.

Le désir de la gloire, ce n’est qu’une suite de sillons fondants qui perdent en amplitude.

Oh, ce pauvre désir vérolé, j’imagine qu’il se perdra dans l’Abysse, ne laissant que des échos désespérés.

J’y goûte, à présent, à cette condition.

Je ne suis plus utile à cette grande corvée qu’on appelle l’humanité.

Constatation sombrement inquiétante?
Mais non, allons.

Pourquoi devrais-je me sentir coupable de concrétiser par écrit des constatations vertigineuses?

J’en retire une grande sécurité, moi qui ne sais pas m’organiser et considérer l’avenir.

Je m’accroche à de petits indices amicaux dans la vie pour tracer un mince chemin tortueux, et j’y avance en traînant un boulet d’incertitude.

Vous y voyez un avant-goût de a mort, vous, dans cet égarement?

Il vous faut reconsidérer la question.

J’écris pour faire jaillir un éclair lumineux et ponctuel dans toute cette suie, puis je persiste à m’enfoncer sous l’hypnose des phosphènes.

Car tout ce noir que vous lisez, je l’ai volé à ma vie et isolé ici, laissant une trace claire.

Et d’ailleurs, pour un bref instant, je ne m’enfonce plus, je flotte un peu.

Mais voilà, bien assez vite je m’épuise, je perds mon élan de perspective, et avant même d’y avoir songé je retourne dans le noir.

…vous dans ce blanc mystérieux.

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