31.7.08

1189. Air

Voilà donc toutes ces couleurs qui tardaient tant.

C'est toute cette vitesse qui coud les bribes de rêves en une brique de mastic élémentaire, prête à être consumée, mais surtout vulgairement opaque. Cette lancée, c'est enfin une identité, un rôle et une fonction.

Oh et je ne la remplis pas à merveille. J'ai surtout honte, la plupart du temps, de ma façon d'agir. Une petite névrose sur l'investissement de soi. Ou simplement des regrets. Dis-je, l'évaluation antérieure de ce potentiel satiné contre la statue fondante qui déambule d'une responsabilité à l'autre, absente et automate.

J'existe, c'est maintenant démontrable. J'existe dans une caste de sentiments et de gestes qui me colle à la peau comme une crasse. Cette détestable impression d'être commun et prévisible hache mes journées de regards hâtifs, de commentaires pratiques, et surtout, disons-le, d'un constant désir d'être reconnu et complimenté, mais où est la harangue folle, debout sur leurs têtes. J'actionne mes leviers.

Étrange. En principe, l'attitude applicable est celle du dédain et du rabaissement, mais comme je suis en phase avec les autres, assujetti à une œuvre plus grande, je m'abstiens et m'y insère, mordant mes lèvres quand les coups ne portent pas.

C'est pourtant la raison suffisante de mon existence, jusqu'à présent du moins, une quête de rétribution unilatérale. Je n'ai pas vraiment d'inspiration. Je suis trop conscient, ces temps-ci.

Je me vois vieillir. Je vois le prolongement de ma vingtaine, j'évalue ma solvabilité, je prends des engagements, j'érige les butoirs, et je soupire.

Je me rase.

Je ne joue plus.

Ces temps-ci, le ciel est bordé de nimbus grégaires. Ils sont pour la plupart gris et informes. Certains se détachent, laissant quelques filaments bleus. Mais somme toute, c'est un mastic indépendant, qui ne prend plus les formes souhaitées.

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