Je vais faire ça court, promis.
Je m'étais donné 1200 articles pour aller au fond des choses.
Au début, 1200 textes courts, perdus sur un domaine caché, pour me rappeler que je suis un monstre, et ensuite en finir.
C'est pourtant vrai, et plusieurs années plus tard, je n'ai rien osé relire, ou si peu. Un monstre se complaisant dans le dégueulasse, le goût de sa propre morve, les images pornographiques dégradantes.
Un monstre qui se blottit dans le sombre, qui cède la place aux autres, plus beaux, plus prometteurs. Un monstre de honte et de solitude.
Au plus profond de moi, cette voix existe encore. Elle me répète que j'ai pris le mauvais chemin, que quelque part un ectoplasme de ma propre existence s'émerveille encore et échappe au cynisme.
En vieillissant, on perd progressivement son idéalisme, son amour-propre et sa créativité. J'ai l'impression que ces trois concepts sont étroitement reliés, qu'ils disparaissent en fondu.
Il me pèse d'écrire ces mots. Le bruit agressif des touches qui s'enfoncent et se redressent m'épuise. Celui de la barre d'espacement, plus strident, me vrille les tempes.
Je m'excuse de ne pas être cet écrivain génial, qui aurait pu écrire les 1200 textes de cette prometteuse chronique. Je m'excuse, cher ectoplasme, de t'avoir encore cédé l'avance.
Je vais viser ailleurs, avec l'aide de mes proches, si je veux enfin m'y mettre et m'épancher un peu dans l'écriture, le dessin. La tour d'ivoire d'un journal pour soi est trop mince, prétentieuse et lointaine.
***
Valérie est partie, j'en ai fait mon deuil en 2013. J'ai même eu l'occasion de fermer les livres avec elle, ce qui est une chance rare dans l'état où j'étais. Elle m'a accueilli chez elle pendant le temps des fêtes, nous sommes sortis prendre un verre. Ses cheveux me semblaient plus filasses, sa relation avec sa famille tendue, ses gestes pressants. J'ai perçu chez elle le déphasage que je m'impose, me projetant dans un étrange cocktail de sentiments mêlés.
Incertain, j'ai pris ma voiture et j'ai laissé Dolbeau, Valérie et tous les étranges textes de ce recueil derrière. C'était fait.
J'avais rencontré Catherine, qui m'a prodigué un amour franc et direct, m'apprenant que mon cœur n'est pas condamné à se déchiqueter dans des paragraphes haineux.
J'ai ensuite pris la décision d'écrire les articles de la série TDG (Tous des Gamers), en compagnie de quelques collègues, essayant d'être anodin et d'y piqueter quelques miettes de jeunesse.
Ma "question de la semaine" a été bien reçue, des proches et mêmes de parfaits étrangers ont apprécié les articles. J'ai décidé d'inclure ces billets de 2014 dans le décompte, après quoi celui-ci se transformera ailleurs. J'atteindrai peut-être les 1200 articles, mais ils se disperseront ailleurs, et tant pis pour la rigueur tant souhaitée de ce recueil. Finissons-en avec 1120, c'est un beau nombre.
À bientôt, donc, et ailleurs. Merci de m'avoir fait.
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